Les méduses : un monde complexe

Laurence Miossec
IFREMER
Laboratoire Génétique et Pathologie
La Tremblade
http://www.ifremer.fr

IRD

Pour la plupart d’entre nous, une « Méduse » est un organisme marin translucide flottant près de la surface de l’eau. Elle est formée de 2 parties, un corps discoïde (l’ombrelle) et de longs tentacules urticants dont les piqûres peuvent causer chez l’homme, pour certaines espèces communément observées sur nos côtes, de simples irritations de la peau, pour d’autres des réactions très graves pouvant entraîner la mort

En réalité, la situation est plus complexe puisque la « méduse » n’est le plus souvent qu’un stade de développement du cycle de vie d’un organisme appartenant à l’embranchement des Cnidaires. Ces derniers comprennent 4 groupes, les scyphozoaires, les cubozoaires, les hydrozoaires et les anthozoaires.

Méduse

Photo Ifremer/Barbaroux.

Les scyphozoaires incluent la plupart des méduses que connaissent les baigneurs des régions tempérées. On les retrouve dans de nombreuses mers du globe. Ce sont des organismes marins pélagiques qui présentent successivement un stade larvaire appelé Planula, puis un stade fixé, Polype. Celui-ci, après métamorphose, donne une jeune méduse, flottant librement dans la masse d’eau, qui évolue vers une stade adulte capable de se reproduire (cf figure 1, d’après Mike Dawson, consultable aussi sur :
http://www.aquamarine.unsw.edu.au/tS/Biology/Ecology/LifeHistory/ScyphozoaLH.html).

Cycle de développement d'une méduse

Figure 1 : Cycle de développement d’Aurélia sp., méduse scyphozoaire.

Chez les Scyphozoaires, la forme méduse est prédominante au cours de la vie des individus. La taille de ces méduses est variable, de quelques dizaines de millimètres pour les individus planctoniques jusqu’à 2 mètres de diamètre pour Cyanea arctica. Leur nourriture est composée de diverses particules alimentaires flottant dans l’eau, de petits invertébrés marins et de poissons. Les proies sont capturées grâce aux cellules urticantes présentes sur leurs tentacules.

Les Cubozoaires ressemblent aux méduses classiques. La forme du corps est cubique, d’où leur nom anglais, Box Jellyfish, « méduses en forme de boîte ». Le nombre de tentacules peut être supérieur à 15 avec une longueur d’au moins 3 mètres. Ces méduses ont la capacité de nager activement et de se déplacer autour de leurs proies ; elles sont, de ce fait, rarement rejetées sur les plages par les vents et les courants.
Parmi celles-ci, on trouve l’organisme le plus toxique au monde ; il s’agit de la « Guêpe de mer », Chironex fleckeri, que l’on trouve communément dans les eaux tropicales australiennes et indo-pacifiques. Cette méduse, transparente et de couleur bleue, est difficile à voir dans l’eau. Elle est extrêmement dangereuse et peut provoquer la mort d’une personne en quelques minutes. Les premiers stades sont fixés et vivent dans les estuaires. En début de saison humide, après métamorphose, les jeunes méduses sont expulsées, suite aux pluies tropicales, dans les eaux littorales où elles se développent jusqu’à maturité. Il est, alors, vivement déconseillé de s’y baigner. Ces espèces se nourrissent de petits poissons, de vers et de crustacés. Elles sont consommées par de plus gros poissons et par les tortues de mer.

Les hydrozoaires composent un groupe très divers avec près de 2700 espèces. Elles sont marines ; certaines, cependant, sont adaptées à l’eau douce, comme l’hydre ou quelques méduses d’eau douce. La plupart des hydrozoaires présente alternativement une phase polype prédominante et une phase méduse de courte durée. La première est asexuée, la seconde, produisant des gamètes males et femelles, permet la reproduction de l’espèce.
D’autres hydrozoaires vivent en colonies. Chaque individu (polype) de la colonie présente une spécialisation, orientée vers l’alimentation, la reproduction ou la capture des proies. L’intégration est telle que la colonie fonctionne comme un individu unique et peut être confondue avec une méduse classique. C’est le cas des Physalies, connues également sous le nom de « Vaisseaux de guerre portugais », car elles possèdent une vessie flottante emplie de gaz qui ressemble à une voile de caravelle naviguant sur la mer. Ses filaments urticants sont redoutables. Ils provoquent un choc allergique qui peut être fatal chez de jeunes enfants. La sensation est immédiate, comparable à une décharge électrique. La douleur est alors insupportable dans la région touchée. Les autres symptômes sont des sueurs froides, des maux de tête, des vomissements parfois suivis de syncopes et de paralysie.
Cette espèce, présente dans les eaux tropicales mais également dans les eaux tempérées, se nourrie principalement de petits poissons, mais aussi de crevettes et d’animaux présents dans le plancton.
Ses prédateurs sont certaines tortues marines ou encore un petit gastéropode pélagique à coquille bleu, le janthine, qui flotte à la surface, suspendu à un radeau formé de bulles muqueuses emplies de gaz.

Parmi les Anthozoaires, on trouve les vrais coraux et les anémones. Ils ne produisent pas de stade méduse ; ils se dispersent grâce aux larves planula qui se développent à partir des cellules sexuelles des polypes.

Un clin d’œil à Raphaela : Elle n’est pas la seule victime des anatifes ! En effet, visibles sur la page web http://jellieszone.com/hitchhiker4.htm, quelques spécimens de l’espèce Alepas pacifica sont venus se fixer sur l’ombrelle d’une méduse.

Quelques sites internet et une référence bibliographique :
http://www.ucmp.berkeley.edu/cnidaria/cnidaria.html
http://www.aloha.com/~lifeguards/portugue.html
http://www.aquamarine.unsw.edu.au/tS/TSfrontpage.html
Edmonds C. (1989) Dangerous marine creatures. Reed Books Pty. Ltd, 192 pages.