POINT DU JOUR n°64
Dimanche 28 mai 2006 (Paris 19H15)
Le retournement
Ce n’est pas une histoire d’espions russes qui passent de l’Est à l’Ouest en pleine guerre froide, mais c’est l’histoire d’une planche qui se retrouve cul par dessus tête en pleine nuit noire. « Il était 4 H du matin et franchement rien ne le laissait prévoir. Le début de la nuit était plutôt calme ».
C’est vrai que ce matin je commençais à me demander ce qui se passait quand, à 5H10, le téléphone n’avait toujours pas sonné. Je peux vous dire que j’ai été prestement réveillée, tous les sens en alerte.
- « Il faut que j’appelle Cyril pour vérifier les points électriques, je n’ai pas tout remis en route ».
- « OK il est joignable sur son portable ».
5 mn plus tard :
- « Pas moyen de le joindre, une voix m’indique que le numéro que je compose n’existe pas ».
- « ??? OK, tu me laisses 5 mn je l’appelle pour vérifier. Puis tu me rappelles et je te dis quoi faire ».
Je parviens à joindre Cyril sans difficulté. On se met d’accord pour qu’il mette son iridium en veille.
- « OK Raphaëla tu composes le numéro de l’iridium de Cyril, il attend ton appel. Tiens-moi au courant ».
Un quart d’heure après nouvelle sonnerie à Pénestin.
- « C’est Raphaëla, j’ai pu parler avec Cyril, on a été coupés mais j’ai eu l’essentiel ».
- « Très bien, j’ai appelé notre ami Anne Dutus à la Réunion. Elle s’organise pour que Cyril soit chez elle ce soir comme ça tu appelleras un numéro de téléphone fixe ce sera plus sûr ».
Adieu la grasse matinée du dimanche matin…
A la vacation de 17H30, tout à l’heure, nous sommes encore une tablée réunie autour du téléphone de Kerfalher.
17H35 pas d’appel… 17H40 …. Ca y est ça sonne ! Flûte je n’entends rien. Ça raccroche. Encore 5 mn et la liaison est établie.
- « Attraper les satellites avec l’iridium portable, c’est compliqué. Il faut que je sois en position assise dans la planche, et là, c’est la position du début de mal de mer… ».
Il n’y a pas eu de casse. Raphaëla ne s’est pas fait mal. Elle a fait 5 H de navigation aujourd’hui.
« J’ai rétabli le cap à l’ouest après la dérive Sud de la nuit. Et maintenant je suis en dérive au cap 260, enfin à peu près, j’ai éteint le GPS tant que je n’ai pas tout vérifié avec Cyril ».
L’atmosphère se sérénise peu à peu.
« Alors j’ai quand même une nouvelle : les anatifes commencent à coloniser mollement le bout orange à l’arrière de ma planche. Et puis aujourd’hui j’ai eu affaire à un poisson ventouse qui est venu se coller sur ma voile. Il était scotché sans bouger, tout noir, 10 cm de long à peu près, tout lisse, sans écaille, avec une tête aplatie. Il va falloir chercher son vrai nom. Dommage que Laurence (de l’Ifremer) ne soit pas là ».
- « Et ce chavirage alors, comment ça c’est passé ? »
- « J’ai été surprise, la nuit avait l’air plutôt calme. En plus, une heure avant j’étais assise, hors de ma bulle ouverte en train de faire un petit pipi. Et au moment du chavirage tout était noir dans la planche, normal, puis elle s’est mise à l’envers et elle ne bougeait plus. J’ai un peu attendu pour voir si elle allait se retourner. Et là, j’ai vu un truc surprenant, une lueur sous l’eau à travers la bulle. En fait c’était le flashlight qui continuait vaillamment de fonctionner. Par contre, l’activ’écho qui a fait un séjour prolongé dans l’eau, je ne sais pas s’il va encore marcher ».
Mais c’est probablement grâce au flotteur orange, qui fait partie du dispositif de nuit, que la planche a fini par se redresser, même si Raphaëla a déclenché l’airbag. « Il a à peine commencé à se gonfler que la planche se retournait ». Probablement juste ce qu’il fallait pour remettre la planche en position.
J’espère que Raphaëla va passer un nuit plus calme. Et moi aussi par la même occasion…
Rédaction Hélène André