POINT DU JOUR n°56
Mercredi 17 mai 2006 (Paris 18H55)
Fuite et pétole
« Toute la nuit précédente a été assez bizarre. Il n’y avait pas de vent et pas mal de pluie. Et ce matin je vois un petit vent léger qui est dans le bon sens ». Bon …
L’autre raison pour laquelle la nuit a été bizarre c’est que, de nouveau, le matelas gonflable embarqué fuit. Je dis de nouveau parce que sur la traversée du Pacifique il s’est mis à fuir pratiquement dès le début (je précise au passage qu’il ne s’agit pas du même matelas, seulement un pareil). Donc nous attaquons la série des nuits à la dure. Le caillebotis est bien en lattes relativement souples mais c’est tout. Il ne reste plus qu’à étendre le duvet en polaire pour en faire un vague matelas. Je sais que Raphaëla arrivera quand même à dormir.
Aujourd’hui nous avons la visite de M. Jean-Yves Perrot (PDG d’Ifremer) accompagné d’Anne Faye. Le ton de la conversation est à la fois posé et enthousiaste.
- « Bonjour Raphaëla, cette traversée est une fête pour l’Ifremer, nous sommes tous derrière vous. Je sais que vous êtes dans une bulle sans vent mais il n’y a pas de bulle dont on ne finisse par sortir. Vous allez la crever cette bulle ! Je sais aussi que vous avez eu des échanges avec Laurence Miossec (notre ami d’Ifremer spécialiste des anatifes) et vous semblez être dans une zone désertique en vie animale, c’est ça ?»
- « Oui, ça fait un bon bout de temps que je ne fais pas d’observations pour régaler l’Ifremer ».
- « Vous voilà donc en chômage technique, du moins du côté des anatifes ! ».
- « Ecoutez, même mon bout flottant orange à l’arrière de ma planche est archipropre. Mais je récolterai sûrement quelques anatifes vers la fin de la traversée ».
La conversation se poursuit sur la biodiversité marine qui, selon les termes de M. Perrot « est à la biodiversité ce que la partie immergée de l’iceberg est à l’iceberg », sur les qualités de l’océan Indien : « il est imprévisible, il ne laisse pas le temps de s’ennuyer ».
Quant au programme de demain, il semble tout trouvé : « je crois que je vais passer ma journée à bouquiner et quand même faire un peu de ménage dans la planche. Aujourd’hui, comme je suis en dérive contraire depuis 14H, j’ai déjà eu le temps de me laver les cheveux et de faire un peu de lessive ».
Comme elle ne s’attendait pas à avoir des vents contraires (5 à 10 nœuds tout de même à l’heure où elle nous parle), mais seulement de la pétole, elle n’a pas laissé sa voile à l’eau pour compléter le travail des ancres flottantes. On verra bien demain matin si elle s’est beaucoup rapprochée de l’Australie…
Rédaction Hélène André