POINT DU JOUR n°57
Jeudi 18 mai 2006 (Paris 19H10)
Séchage et petits poissons
Raphaëla n’a pas navigué aujourd’hui. « La dérive a été négative jusqu’à 13H. Depuis ça s’est remis dans le bon sens, le vent tout léger quand même a tourné : je suis en dérive vers le Nord Ouest ».
La nuit précédente était calme et étoilée. « Il y avait une grosse masse de nuages noirs à l’horizon, et par moment ça s’éclairait là-bas au loin (orage, ndlr). Je me disais : est-ce que c’est une énorme ville ? Si je me prends ça sur la figure, bonjour ! Mais c’est resté là-bas ».
Raphaëla a utilisé le matelas gonflable qui lui sert de siège pour passer la nuit. « Mon pyjama c’est un petit short et un tee-shirt en capilène, parce que si je dors la peau nue sur le matelas ça colle…. J’ai l’impression d’être abonnée à la pétole, je n’ai jamais fait une seule traversée sans pétole… ».
Aujourd’hui nous sommes en duplex avec Jean-Pierre Dick, navigateur et vétérinaire comme Raphaëla. Il est en train de croiser, lui aussi dans du petit temps, dans la baie de Nice. Des amis vétérinaires sont embarqués avec lui et ils font une ola à Raphaëla (en tout cas c’est ce qu’on entend au téléphone).
- « Salut Raphaëla, je sais que ce n’est pas très facile pour toi en ce moment mais je suis sûr que tu vas y arriver ».
- « Oui, il faut que j’ai de la patience ».
- « Et dis-moi, tu as beaucoup de houle en ce moment ? »
- « Eh bien la mer est lisse mais je sens la houle. Je sens que je gravis des montagnes de 3 m qui viennent du Sud. C’est vrai que sous les tropiques j’ai eu pas mal de mers croisées qui vous sont familières, à vous autres qui naviguez dans le grand Sud ».
Aujourd’hui Raphaëla en a profité pour reconstituer un stock de vêtements secs. « J’ai mis à sécher sur le pont, et comme le soleil est intenable entre 11H et 16H00, j’étais calfeutrée dans la planche avec ma veste de quart installée comme pare-soleil sur la bulle. J’ai fait le grand ménage à l’intérieur, en enlevant le caillebotis pour bien nettoyer le fond de la planche ».
Raphaëla a quand même vu quelques petits poissons, « c’étaient des alevins qui se baladaient autour de la planche, dans une mer transparente d’un bleu profond ». On se demande ce que faisaient leurs parents…
« J’ai commencé un bouquin que Pierre-Louis Castelli m’avait passé juste avant le départ (Doggy Bag – Philippe Djian). C’est un roman, c’est parfait pour s’évader et oublier le grands silence ambiant ». La journée s’est terminée sous une bonne pluie qui tombait silencieusement.
Rédaction Hélène André