POINT DU JOUR n°59
Lundi 22mai 2006 (Paris 18H15)
De la pétole au pétard
Après la pétole de la semaine dernière, la mer s’est remise à se creuser un peu dans tous les sens. « Je sais que les conditions vont être rudes pour la semaine à venir ». Dimanche matin, la mer est déjà courte et croisée et Raphaëla a une légère boule à l’estomac. « C’est vrai que je me sens un peu oppressée mais ça va passer ».
Dimanche après-midi est organisée une vacation un peu particulière : nous avons rendez-vous avec l’association « Tribu Cancer » dirigée par Jean-Louis Laporte au service Oncologie du centre hospitalier Chubert à Vannes. Ce rendez-vous se prépare depuis plusieurs semaines : il faut trouver une date, une salle, un téléphone, puis faire entériner tout cela par l’administration de l’hôpital. Mais on y arrive, Raphaëla doit nous appeler à 17H30. Nous sommes accueillis par la responsable du service, Lyliane Bellego, qui nous présente le dispositif d’appel. Par acquit de conscience, je compose le numéro d’appel sur mon portable, et là… je tombe sur le répondeur d’une entreprise de Vannes… Misère ! Que va-t-il se passer ?
Nous avons trois-quarts d’heure pour trouver un nouveau dispositif (j’étais assez contente d’être arrivée un peu en avance). Mme Bellego propose le téléphone de son bureau mais il est trop petit (le bureau…) alors on s’installe dans le couloir, on tire chaises et fauteuils pour que chacun s’assoit. Et on attend. C’est bien parce que je sens que personne ne doute un seul instant que Raphaëla va pouvoir nous joindre.
De toute façon il faut attendre, je sais que Raphaëla appellera mon portable. Ce qui se passe… et je n’entends rien… Remisère ! Alors je me lance, je parle dans le téléphone, j’indique le nouveau numéro à composer pour Raphaëla… On verra bien. Et, miracle, le téléphone que tout le monde regarde d’un air un peu désespéré se met à sonner. Bien, on va pouvoir passer aux choses sérieuses…
Les membres de l’association prennent la parole chacun leur tour pour témoigner leur gratitude à Raphaëla qui, disent-ils, les aident à mener leur propre combat contre la maladie. Chacun à sa manière dit : « Vous nous donnez la force ».
Patricia : « Vous aussi vous devez avoir peur parfois, mal au ventre ».
- « Oui, bien sûr. Mais j’ai longtemps travaillé pour apprendre à mieux la maîtriser. C’est tout le travail que j’ai fait avec Jean-Claude Ménard (qui est présent avec nous) : repenser les situations, avoir des outils pour mieux réagir ».
Line : « Moi je mène mon combat contre la maladie et ce que tu fais nous fait du bien ».
Joëlle : « Moi je suis sortie de mon cancer et j’ai l’impression que j’aurais beaucoup plus peur dans ta situation que dans ce que j’ai traversé ».
Lyliane : « Vous entendre me fait dire qu’on est tous un peu fous de faire ce qu’on fait. Moi avec mes malades, vous sur l’océan. Vous nous donnez la force ».
J’ai l’impression de sentir l’air qui s’épaissit de l’énergie qu’ils déploient tous pour se battre.
Depuis la nuit de dimanche à lundi, le vent est orienté Sud Est et Raphaëla a dérivé vers le Nord Ouest pendant sa nuit. « Avec ce vent je suis obligée de faire une navigation par le travers ». Et effectivement la journée a été dure, très éprouvante physiquement. Raphaëla nous le confirme à la vacation, cet après-midi, à la Maison de la Radio : « Ma journée de navigation a été brève : 2 heures seulement. Et depuis l’après-midi je suis enfermée avec une vent entre 25 et 30 nœuds, qui, en plus, ne va pas mollir et une mer n’importe comment ». En pétard, quoi ! Comme mes cheveux aujourd’hui dans le vent…
Le PC est au bord du débordement aujourd’hui, nous recevons la 5è 3 du collège Gabriel Péri à Bezons, des élèves que Raphaëla avait croisés lors du dernier salon nautique. Ils sont tous assis par terre et chacun se lève à son tour pour prendre le micro et poser une question à Raphaëla : Alicia, Adama, Haiji, Juba, Anaïs, Alvin, Jihat, Sarah, Fabrati, Roxane, Djibril, Gautier, Vanessa s’interrogent sur la nourriture, les animaux, les pensées de Raphaëla, sur le carnet de voyage, les dangers, le chavirage, la localisation de la planche par l’équipe, les rencontres en mer… Ils ont souvent le sourire quand ils parlent, quelques-uns sont un peu émus.
Hélène Valade, responsable du développement durable à La Lyonnaise des Eaux, nous a rejoint et témoigne à Raphaëla de la fierté du groupe d’être partenaire : « Bonjour Raphaëla, expliquez-nous ce qui vous tient à cœur à travers l’aventure du kit pédagogique ».
- « C’est un moyen de faire apprendre plein de choses aux enfants, presque sans qu’ils s’en rendent compte ».
Guy Clavel (AFP) fait confirmer à Raphaëla que l’océan Indien est à la hauteur de sa réputation. « C’est une traversée très physique, qui me pompe énormément d’énergie ».
C’est un collègue de Raphaëla (Jean-Pierre Dupuis) qui clôt la vacation : « Raphaëla, quand je t’écoute, même si je sais que c’est difficile, il me semble que tu es plus en forme que pendant ta traversée du Pacifique. En même temps que je te parle, je vois défiler devant moi les images de ta visite à Nausicaa et je me dis que nous ne sommes pas si loin. Tiens, nous avons eu un colloque du côté d’Arras récemment et, bien sûr, nous avons parlé de toi. Bon vent pour toi, pas trop, et à très bientôt ».
Rédaction Hélène André